Ingrandes
24 avril 2018 - Quitter Ingrandes
23 avril 2018 - Quitter Meslet!
Plongé dans le monde vivant, le labo fait de nombreuses découvertes.
De champs en champs, la flore se dévoile. Alors que chaque nouvelle vague vient lécher le schorre de l’île, surgit du sable un végétal sensiblement comparable à une asperge blanche, mais verte, et en buisson.
Le champ contre champ est une méthode inspirée du Monde Vivant d'Eugène Green. Elle permet de faire dialoguer deux membres du Laboratoire même s'ils ne se trouvent pas dans le même espace-temps. Elle autorise également la réactivation d'une action passée qui n'a pas été documentée et peut être augmentée d'un panoramique, comme celui de deux rives opposées.
22 avril 2018 - Meslet!
Réveil sur Meslet.
La nuit a été agitée.
Outre les passages et les aboiements des chevreuils, le rossignol philomèle, le rouge gorge, la fauvette tête noire, le pigeon ramier, la corneille noire, le corbeau freux, la grive musicienne, l’étourneau sansonnet, le pouillot véloce, la bouscarle de Cetti, la fauvette des jardins, la rousserole, la mouette mélanocéphale, la guifette moustac, le tadorne de Belon, le chevalier aboyeur, le courlis corlieu, le chevalier guignette ont également donné un incroyable concert.
Pourtant, le Labo est relativement frais et opérationnel.
Nous partons pour un premier Drift dans la luxuriante partie boisée dans le nord-est de l’île, la partie bretonne.
La méthode drift a déjà fait ses preuves, nous tombons rapidement sur un magnifique frène idéalement bâti pour un panoramique Dufresnes.
C’est le Capitaine qui s’y colle, il bondit comme une chèvre marocaine et effectue le Pano en quelques secondes.
Nous repartons au campement, Arthur doit nous soumettre deux nouvelles méthodes de mesure en Charline.
Une partie du Labo arpente donc l’île selon les méthodes Blocage de focus pour le transect NE-SO et Intracadre pour le transect NE-SO, tandis qu’une autre s’attelle à la flottaison erratique.
Cette technique élaborée à Bataville par les Labo-filles, a été améliorée par les membres du Laboratoire en vue de faire un panoramique de l’île Meslet. Poussés par le courant, le Capitaine, Romy et Sophie flottent sur la Loire et déroulent une vue inédite de l’île avant de s’atteler à un équivalent de la table de Peutinger.
Du sud-ouest au sud-est, remontant le courant de la Loire, ils slit-scannent les rives. Peut-être ceci nous donnera-t-il des informations sur l’état antérieur de l’île Meslet ? Le labo cherche à remonter le temps. La Loire serait-elle cette histoire du Labo, qui s’écoule sans fin, de la rigole au fleuve, du Mont-Gerbier de Jonc à l’embouchure sur l’Atlantique – lieu même de l’exploration fondatrice en 2012? Tout aussi sensibles aux pluies diluviennes qu’aux terribles sécheresses, le Labo comme le fleuve n’ont de cesse de se nourrir des lieux qu’ils traversent comme des affluents qui les rejoignent. Charline, Arthur et Margaux, arrivés la veille de Bilho, armés de la table de Peutinger, seraient-ils des messagers venus d’un temps antérieur ? Si la table est une vision déformée par la perspective temporelle, il revient à nous de reconstituer le passé.
Il se fait fort tard quand nous terminons nos explorations respectives, nous décidons de passer une nuit de plus sur l’île, un peu par nécessité, beaucoup parce-que nous commençons à nous attacher à ce bout de terre malmené par l’histoire et le courroux ligérien.
21 avril 2018 - Freins et Croisements.
C'est aujourd'hui que le labo accueille les ingrandais-fresnois. Les tables sont installées dans la ruelle du Grand Louis condamnée à cet effet par la mairie.
Pris par la torpeur, nous comptons sur les trois membres du laboratoire qui manquent à l'appel pour apporter les victuailles. Fébriles, nous poireautons.
Midi. Les habitants arrivent et le capitaine bafouille quelques mots désordonnés pour les faire patienter. 12h30. Les nombreux enfants commencent à pleurer ; il fait faim. La gêne s'installe. Il commence à être evident que nous n'avons rien préparé.
Voilà pourtant quelques heures que nous recevons par radiofax des images énigmatiques émises depuis l'appareil du trio manquant.
Un ingrandais-fresnois rompu au fleuve nous indique qu'il semble s'agir de l'aval! Charline, Arthur, et le jeune mousse Margaux sont donc en route. Nous respirons un peu, le capitaine poursuit sa logorrhée.
12h37, un nouveau message apparaît ligne par ligne.
Ils ne sont pas loin! Boussoles aux poings, nous chargeons le matériel et c'est un cortège affamé qui traverse Ingrandes à la rencontre de nos disparus. La faim agite les foules.
Conversion faite, nous parcourons les quelques centaines de mètres qui nous séparent des victuailles. La position indiquée tombe très exactement sur la rue de la pierre de Bretagne, frontière historique entre les deux anciennes communes Ingrandes(49) et Le Fresne sur Loire(44), aujourd'hui réunies sous l'appellation Ingrandes-le-Fresne-sur-Loire.
Dans l'alignement de la cale, le Saint-Ortaire pointe sa proue et voici nos compagnons luttant contre le courant.
C'est une évidence, ils ne peuvent passer le cap.
Jean-Luc le pêcheur, vivant du côté breton, nous fourni un cubi de blanc pour fêter cette apparition. Très vite, la procession reprend, et suivant le frêle esquif des yeux, file vers l'Ouest.
Nos compagnons ne nous ont pas fait faux-bond : attendent au campement à la Bastille 10kgs de Patates, 3kgs de cantal, 2kgs de crème fraîche et autant de sardines, six douzaines d'oeufs, deux grandes bottes d'orties, et bien d'autres richesses venues de l'estuaire. Ils arrivent de Bilho, la dernière île de Loire-Atlantique.
Ce sera aligot et îles flottantes. Jocelyn opte pour une soupe d'orties. Nous nous mettons tous à l'oeuvre tandis que le trio déroule la table de Peutinger qui leur a servi de guide.
Le gueuleton est le lieu de toutes les questions. Cette frontière disparue au 1er janvier 2016 est dans toutes les bouches, nous en oublions même notre propre quête. Le capitaine reste néanmoins pensif et triture entre ses doigts une carte récoltée il y a quelques jours chez Jean-baptiste, fin connaisseur de l'histoire locale.
Tout à coup c'est le déclic, un convive penché sur l'épaule du cap' lui rappelle ce que d'autres habitants nous avaient déjà indiqué :
La frontière Maine-et-Loire/Loire-Atlantique passe également au beau milieu de l'île Meslet qui nous fait face.
Ni une ni deux, ordre est donné à l'équipage de vider le stock de la base-vie. En un clin d'oeil, voici le module chargé sur le Saint-Ortaire et expédié sur l'île. Au même instant, avalant à peine les dernières bouchées d'aligot, le labo organise vivres et matériel pour le départ et l'installation sur l'île. Les Ingrandais-Fresnois frissonent encore de ce bond vers l'inconnu.
Après quelques éprouvants allers-retours, l'équipage guidé par Jocelyn investit une clairière Mesletine. C'est la liesse, chacun y va de son anecdote, le labo fête dignement cet atterissage réussi.
Nous sommes entre parenthèses, entre l'île Meslet, première île de Loire-Atlantique qui demain sera passée au crible des méthodes du labo dont une grande partie furent inventées à Bilho, dernière île de Loire.
20 avril 2018 - La Course
Notre troisième journée n’a pas suffit pour nous préparer au départ vers l’île Meslet.
L’absence d’Arthur, Charline et Margaux (toujours aucune nouvelle) nous pèse sur le moral mais aussi techniquement; il nous manque des bras.
Nous remettons à demain notre départ.
La journée est très active car nous avons également convié via #808080 les habitants pour une présentation du travail du Labo autour d’un déjeuner.
Nous menons donc de front l’activité intendance et la préparation de l’exploration.
19 avril 2018 - Flottaison, rencontres et flottement
La passion insulaire regagne peu à peu le Laboratoire.
Le Saint-Ortaire est en permanence sur la mise à l’eau près du campement.
Ils nous faut nous hâtez, la Loire baisse très rapidement, il n’est pas certain que nous puissions accoster dans les prochains jours.
Les digues de correction submergées à notre arrivée sont maintenant à sec.
Nous tentons quelques tentatives de traction de remorque flottante avec plus ou moins de réussite.
Le courant est extrêmement fort, le stock prend l’eau et il n’est pas aisé de diriger le Zodiac avec un tel lest.
Nous en aurons besoin pour transporter le matériel en plus de l’équipage sur l’île Meslet.
Heureusement, les gens d’ici sont aimables et passionnants.
Notre implantation sur un chemin passant nous a permis de faire des rencontres :
Jean-Philippe, Jean-Luc le pêcheur, Stéphane, Jean-Baptiste, Colette et d’autres nous parlent de leur ville, de leurs iles, de leur histoire mouvementée.
Nous commençons à penser que le Labo n’est pas forcément ici par hasard, d’ailleurs un signe ne trompe pas : le Capitaine trépigne.
Une ombre cependant sur cet idyllique tableau, nous ne sommes toujours pas au complet.
Nous sommes sans nouvelle d’Arthur, Charline et de Margaux qui auraient du arriver depuis quelques jours.
L’activité intense qui règne ici nous évite de penser constamment à eux, mais l’inquiétude gagne l’équipage.
18 avril 2018 - Torpeur
Une partie de notre journée est occupée par la préparation de notre expédition en Loire.
Le Saint-Ortaire, navire officiel du Laboratoire, n’a pas vu l’eau depuis un moment.
Une révision d’impose donc près de la grande mise à l’eau d’Ingrandes, au bord du Boire de Champtocé.
Eddy pêche mollement non loin, en vue du repas à partager samedi avec les habitants d’Ingrandes-Le Fresne sur Loire.
Sa torpeur semble avoir gagné une bonne partie de l’équipe, torpeur certainement due la douceur du climat ingrandais.
Certains habitants nous confirment que ce climat particulier est du à la position stratégique de la ville, orientée plein sud et située sur une frontière climatique sur laquelle viennent s’échouer la plupart des orages, sans jamais toucher la ville.
Finalement, le Saint-Ortaire redémarre, l’équipe se divise :
une partie se dirige vers le centre pour rencontrer des habitants, avides des précieux renseignements qu’ils pourraient leur apporter, l'autre part en reconnaissance sur le fleuve. C'est là qu'il croisent un bon nombre de corbicules, animaux fascinants que nous commençons à étudier sur le champ.
17 avril 2018 - Ingrandes
Sans que nous l’eussions un seul instant soupçonné, notre quête de l’île Pelée n’était pas passée totalement inaperçue.
Ainsi il y a peu, nous avons reçu un message de l’association Atelier #808080.
Emus par notre désarroi né de notre incapacité à conquérir l’île Pelée, ils nous proposaient de venir quelques temps en résidence dans leur local OuOùOuh à Ingrandes (49) pour nous reposer, pour réfléchir à notre quête et pour tenter de décrypter dans la sérénité l’étrange message que nous reçûmes le 16 décembre 2017 au Cinéma du Solstice.
Etonnement, le Capitaine accepta immédiatement cette proposition.
Une partie des membres du Labo se retrouvent donc le mardi 17 avril 2018 au local OuOùOuh.
Pas trop longtemps cependant, averti par des Ingrandais de la présence d’une île à proximité, le Capitaine nous entraîne dans un déménagement hâtif sur les rives de la Loire où nous installons l’Anatife - véhicule officiel du labo - rallongé *.
En face de nous, l’île Meslet.
Ces retrouvailles avec la Loire** et la quasi homophonie des noms ont retourné le Capitaine comme une galette.
Nous revoilà face à l’inconnu insulaire, gonflés à bloc, Meslet-Pelé, même combat.
* Voir Brix-Thenay-Spire
** Rezé-Nantes - Traversée furtive de la Loire - 2012
Fouchambault - L’aventure pneumatique - 2014
Saint-Nazaire - Ilot Bilho - Exploration du banc de Bilho - 2015